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Parent entrepreneur : il faut avoir les reins solides

par Véronique Cyr

Il faut avoir les reins très solides pour être parent et entrepreneur

Au cours des dernières années, Statistique Canada recensait annuellement un demi-million de travailleurs autonomes au Québec; 60 % sont des hommes, 40 % des femmes et les deux tiers d’entre eux n’avaient pas d’employés (Institut de la statistique du Québec, Le Québec chiffre en mains 2018 p. 38). Dans l’ensemble du pays, Statistique Canada estime que quelque 2,5 millions de Canadiens. Soit 15 % de la population nationale, sont des travailleurs autonomes (TA), une catégorie qui regroupe les propriétaires d’entreprises, les pigistes et de nombreux travailleurs à forfait.

Voici un parcours dans lequel plusieurs se reconnaîtront.

Après avoir été salarié pendant une vingtaine d’années, le désir de s’établir à son compte ou de vivre de sa passion devient si fort, qu’on se lance. Pour plusieurs, cela arrive dans la quarantaine alors que cette période est propice aux remises en question et aux changements de cap. L’expertise du métier et la volonté sont là. C’est, cependant, loin d’être suffisant pour assurer un bon départ et surtout un revenu décent. Pour plusieurs femmes, c’est la conciliation travail-famille qui les incite à démarrer leur entreprise tout en veillant au bien-être des enfants.

Se lancer en affaires à temps partiel ou à temps plein ?

Que vous vendiez un produit ou un service, celui-ci doit générer un profit pour que vous en dégagiez un revenu. Certains vont démarrer leur entreprise en parallèle de leur emploi en tant que salariés alors que d’autres vont se lancer d’un coup. Qu’importe le départ, il faut s’accorder du temps de préparation et faire certaines démarches avant de se lancer officiellement.

Quand j’observe autour de moi les gens qui se sont lancés en affaires, j’en viens à la conclusion qu’il faut avoir les reins très solides pour survivre. Les premier mois et les premières années sont difficiles et certaines personnes doivent se trouver un emploi à temps partiel pour renflouer les coffres.

Parmi les 40 000 déclarations de faillite par année au Québec, les experts citent souvent en exemple le cas classique du TA qui a mal calculé son taux d’imposition au cours de l’année et qui doit une somme importante au fisc, alors que l’argent a été dépensé ailleurs.

Personnellement, j’ai lancé mon entreprise de services linguistiques à 41 ans, trois ans après mon divorce. Comme je devais composer avec les aléas de la garde partagée de mes cinq enfants d’âge scolaire, c’était la meilleure façon de concilier vie de famille et travail. J’ai donc démarré une entreprise enregistrée de services basée sur mon savoir. Le travail est rapidement profitable étant donné les coûts de fonctionnement peu élevés. Néanmoins, c’est insuffisant pour soutenir six personnes. Eh oui, je suis une mère de famille monoparentale.

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Un revenu supplémentaire

Comment est-ce que je fais pour vivre alors? Pour absorber les fluctuations dans mon revenu de travailleuse autonome, je me dois d’avoir une stabilité financière. C’est ce que me procurent les allocations et les crédits gouvernementaux pour enfants et famille.

Pour d’autres entrepreneurs, c’est le revenu du conjoint qui assure cette stabilité. À mon avis, il est essentiel d’avoir une entrée d’argent stable à long terme. Cela est plus vrai encore si vous avez des enfants. Par expérience, faire des sacrifices et changer de mode de vie lorsqu’on est seul ou entre adultes est plus facile à négocier que lorsqu’on a des enfants : l’achat de couches, de vêtements ou de médicaments ne peut être reporté. Il faut avoir les reins solides, c’est-à-dire qu’il faut s’assurer sa survie financière à long terme. Certains entrepreneurs pourront compter sur leur famille élargie pour recevoir un peu de love money. Ou encore, compter sur des institutions financières, des subventions gouvernementales ou des concours pour obtenir un apport important d’argent. Mais cela ne s’applique pas à toutes les entreprises.

Par ailleurs, j’ai de nombreuses connaissances, surtout des femmes, qui ont tenté l’expérience de l’entrepreneuriat en joignant une entreprise de marketing de réseaux (MLM). Je suis passée par là aussi, j’ai été conseillère Tupperware pendant trois ans; pour le plaisir de sortir de la maison alors que j’avais de très jeunes enfants. La majorité de ces femmes sont redevenues salariées, car ce n’était finalement pas payant.

Diminution du nombre d’heures travaillées

Nombreux sont ceux qui travaillent des heures de fou en période de démarrage ou d’expansion, ou à un certain moment de l’année. Or, globalement, les statistiques indiquent que les TA déclarent moins d’heures de travail depuis 10 ans. J’ose penser qu’à la longue, les travailleurs stabilisent leurs horaires en répartissant différemment leur temps et leurs tâches.

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La décision de se lancer en affaires peut être grisante. Et le travail autonome peut sembler la solution aux problèmes qui affectent l’équilibre entre la famille et le travail. Au-delà des nombreux avantages, sachez qu’il faut faire preuve d’une grande lucidité et avoir une bonne santé financière pour embrasser l’expérience sans se casser les reins.

Un merci spécial à Gaston Quirion pour la révision et la correction.

Crédit photo : Freepik.com

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